Hàng gagne sa vie comme ouvrière dans une usine textile en URSS. Dans le train qui la conduit à Moscou, où elle se rend au chevet de son oncle malade, elle se remémore son enfance, son douloureux passé. L'oncle Chinh, membre zélé du Parti communiste, a été l'un des ardents serviteurs de la réforme agraire au Vietnam. La mère de Hàng, par piété fraternelle et par respect des traditions, n'a jamais osé s'opposer à son frère. Même quand il a obligé son mari, instituteur, à fuir le village, sous le motif que sa famille appartenait à la classe des propriétaires fonciers, «ennemis mortels de la paysannerie». Contrainte de s'installer à Hanoi et d'y élever seule sa fille, c'est elle qui a subvenu aux besoins de Chinh, incapable de nourrir ses enfants avec sa maigre solde de fonctionnaire. Dans ce livre de jeunesse, Duong Thu Huong pointe, à travers un drame familial, une tragédie collective, et interroge déjà le paradis marxiste... celui de tous les aveuglements.