Résumé
Demandez aujourd'hui à des jeunes femmes si elles savent à quand remonte la loi libéralisant l'avortement, elles sauront plus ou moins qu'elle date des années 70 et que nous la devons à Simone Veil devenue aujourd'hui l'icône incontestée du féminisme. Mais si vous les questionnez sur l'histoire de cette loi, presque toutes ignorent les mouvements qui ont conduit, pour ne pas dire acculé le gouvernement Giscard à modifier la loi de 1920.Maintenant si vous interrogez les ex-militantes du MLF, de Choisir, du Planning Familial ou du MLAC, elles vous diront toutes que c'est grâce à leur lutte que la loi a changéLe Manifeste des 343 « Salopes », publié le 5 avril 1971 dans le Nouvel Observateur, a incontestablement ouvert la brèche qui a mené à l'abrogation de la loi de 1920 et à la libéralisation de l'interruption de grossesse. Les 343 personnalités féminines qui n'ont pas hésité à s'exposer en affirmant publiquement qu'elles avaient avorté, ont permis que d'autres femmes se mobilisent pour le droit à l'avortement. Le MLF, à travers ses manifestations, ses meetings et ses happenings, a milité avec toute sa radicalité pour le droit des femmes à disposer de leur corps. Le Planning Familial, plus modéré, a oeuvré avec constance pour diffuser l'information sur la contraception, puis, entraîné par sa nouvelle présidente, Simone IFF, il s'est associé à la lutte pour le droit à l'avortement. Gisèle Halimi, à travers son mouvement « Choisir » et l'immense retentissement du procès de Bobigny, s'est battue sur le terrain législatif, quant au MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception), en pratiquant au grand jour des avortements, en organisant des voyages groupés de femmes allant avorter en Hollande ou en Angleterre, il a porté le scandale sur la place publique et a ouvertement bafoué la loi en vigueur. C'est donc bien la convergence de tous ces mouvements qui a amené le gouvernement Giscard à modifier la loi.