Résumé
Quelle cohérence la plus générale avancer qui éclaire en amont toute invention de l'art comme de l'existence ? On voudrait croire que, quand les choses en viennent enfin à s'accorder, c'est là le bonheur... Or, quand les choses se recoupent complètement et coïncident, cette adéquation, en se stabilisant, se stérilise. La coïncidence est la mort. La dé-coïncidence, c'est la possibilité d'une vie. Vivre, déjà, c'est dé-coïncider à chaque instant. Dieu lui-même dé-coïncide d'avec soi, en mourant sur la Croix, pour promouvoir la vie. Si l'Age classique a cru faire de l'adéquation la définition même de la vérité, ou de la coïncidence avec la Nature le grand précepte de l'art comme de la morale, il est revenu à la modernité de rompre avec ce confort de la pensée. L'auteur fait jouer ici ce concept de " dé-coïncidence " dans la Bible (le Jardin d'Eden), dans les Evangiles (Jean), dans la peinture (Picasso), la littérature (Flaubert, Proust, Mallarmé, Rimbaud, Lautréamont), la philosophie (Descartes, Rousseau, Heidegger, Husserl, Spinoza, Hegel, Derrida).