« Avec ces Chroniques de la citadelle d'exil, Laâbi nous donne un nouveau témoignage sur la prison : il s'agit cette fois d'un choix de lettres qu'il a écrites pendant les huit années de sa détention. Des lettres qui sont des documents bruts, une douloureuse radiographie de la vie quotidienne dans les geôles marocaines. Pour combattre sa solitude, et dirait-on pour la nier, le prisonnier s'accroche à deux étoiles qui n'ont cessé de scintiller en lui : l'amour et le travail de l'esprit. La plupart de ces lettres sont adressées à sa femme, et ce livre raconte, au jour le jour, l'histoire d'un couple interdit, déchiré : il ne leur reste que le langage, que les mots et le papier pour vivre leur passion, et cela la renforce au lieu de la briser, comme si le simple fait d'écrire l'amour le rendait encore plus absolu. Quant aux activités de l'esprit, Laâbi y a trouvé un formidable refuge : c'est un pied de nez à ses gardes-chiourme, un jardin au cœur du cachot où se rencontrent les voix fraternelles d'Aragon, de Nazim Hikmet, de Gorki, de Neruda, de Maïakovski. Jamais la vie, jamais l'intelligence ni la liberté n'ont vibré aussi fort que dans ce livre né de l'injustice et de l'oppression. »
André Clavel, Le Journal de Genève.