Au début de l'année 1876, Arthur Rimbaud est à Charleville, chez sa mère. Sa jeune sÏur Vitalie vient de mourir, il a définitivement rompu avec Verlaine, et sans doute cessé d'écrire. Le démon de l'errance, qui ne l'a jamais tout à fait quitté, le saisit de nouveau : en mai de cette année, il part pour Bruxelles, s'enrôle dans l'armée coloniale hollandaise et embarque pour Java. Il déserte le 14 août 1876 et ne réapparaîtra à Charleville que le 31 décembre de la même année. Du récit lacunaire de ces quelques mois, l'écrivain américain Jamie James tire un essai évocateur et passionnant sur la confrontation d'un poète hors normes et d'une îe qui ne l'est pas moins. Tenaillé par une frustration irréparable Rimbaud n'a rien écrit à Java ou sur Java qui ait survécu, Jamie James, en érudit amoureux de ces deux sujets, propose un voyage sentimental et littéraire d'une grande finesse. Salué par la critique anglo-saxonne (l'anthropologue et écrivain voyageur Nigel Barley vante son élégance et son inventivité, la romancière Zadie Smith loue le plaisir qu'on peut avoir à lire quelqu'un qui écrit magnifiquement sur un sujet tout aussi magnifique ), Rimbaud à Java est un stimulant voyage, un exercice d'admiration qui ne se départit jamais d'une ironie qui n'aurait pas déplu à son sujet.