« Si les Rubayat, par les voeux qu'il forment, par les doutes qu'ils expriment, par les sentences désinvoltes ou désabusées qu'ils profèrent, livrent peu à peu les clés d'un art de vivre, ils manifestent surtout l'implacable lucidité de leur auteur. Ils rappellent que Khayam n'est pas un théoricien du laisser-aller, que s'il est libertin, c'est à la façon des philosophes et, en tout état de cause, plus proche des sceptiques que des hédonistes. Devant la fable du monde, il campe, incrédule, rebelle, irréductible. Un verre à la main, il se divertit de l'agitation et des mirages alentour. Il compose litanie sur litanie autour du mot rien. Il rit aux étoiles. N'est pas vraiment triste. Le silence des espaces infinis ne l'effraie pas. Il joue avec son nom en guise d'épitaphe : Khayam, qui cousait les tentes de l'intelligence, [...] Le brocanteur de destins le mit en vente contre du vent. » André Velter.