Résumé
Le Front National/Rassemblement National dirige depuis mars 2014 onze villes françaises. Contrairement à la première expérience frontiste de gestion municipale (1995-2001 à Toulon, Marignane, Orange et Vitrolles) où son action était, tant localement que nationalement, observée par de nombreux acteurs sociaux (médias, associations et partis de gauche), on constate qu'il agit aujourd'hui sans contrôle. Or qu'observe-t-on dans les deux villes de notre enquête sociale (Beaucaire dans le Gard et Mantes-la-Ville dans les Yvelines) ? L'emprise de l'idéologie différentialiste avec en arrière-plan une stratégie de gestion de l'espace public nourrie à la préférence nationale, rappelons que la loi interdit cette pratique, a fait de ces deux communes des laboratoires de la haine. Car le frontisme municipal y agit méthodique- ment, sûr de sa force politique - ses opposants sont inaudibles - et de sa pleine capacité à maltraiter impunément tous ceux qu'il cible, de fait, comme indésirables : les arabes, les musulmans, les partisans de la politique de la ville, les militants du social, les journalistes scrupuleux, les défenseurs du vivre-ensemble, etc. À l'échelle locale, le leadership frontiste remet en cause le fonctionnement de la démocratie. Pendant ce temps, l'État, comme sa représentation locale, ferme les yeux, considérant que cette expérience désastreuse qui a pourtant cassé par son fonctionnement toute vitalité dé- mocratique dans ces deux communes, ne serait qu'un mauvais moment à passer.