Dans cet ouvrage, Michael Taussig prend comme point de départ la proposition de bâtir un musée de la Cocaïne.C'est depuis ce simulacre de musée, qui serait l'image reflétée du musée de l'Or de la banque centrale de Colombie que l'auteur dresse un portrait sans concession de la vie des mineurs Afro-colombien aspiré dans le monde dangereux de la production de cocaïne dans le fin fond de la forêt tropical, sur la côte pacifique de la ColombieL'or et la cocaïne sont les deux matériaux bruts de Mon musée de la Cocaïne et les éléments privilégiés d'un mystérieux système de transmutation. Taussig nous décrit en effet comment le pouvoir du capitalisme globalisé transforme la boue et la crasse du littoral colombien en objet de désir pour les banquiers de Wall Street. Mais ce qui lui importe plus que tout est qu'au cours de cette transformation et de ce raffinement, ces deux substances ramènent avec elles une histoire de l'oppression et de l'esclavage: « La mort suit ces substance dans la même proportion qu'elle les anime, les enchante et leur donne la vie. » En affirmant que l'or et la cocaïne sont des « miasmes congelés », Taussig renvoie à leur site de production. Il décrit la violence, la pauvreté, mais aussi les croyances qui surgissent des marais envahis de mangroves et des rivières tropicales qui, pendant plus de 500 ans, ont attiré, ruiné et décontenancé Amérindiens, orpailleurs, conquistadors et pirates, esclaves Africains, ingénieurs Russes et guérilleros marxistesMon musée de la Cocaïne se présente comme un assemblage éclectique d'histoires et d'anecdotes, présenté comme autant de salles d'un hypothétique musée de la Cocaïne, au sein desquelles le lecteur est invité à déambuler, en croisant des références qui vont de Charles Dickens à Franz Kafka en passant par la poésie de Seamus Heaney.