Père et fille parlaient de ce projet depuis des années : écrire ensemble un livre sur la vieillesse. Car vieillir, disait-il, c'est un labeur. Le fameux réalisateur avait des règles pour tout, en particulier pour la façon dont ils allaient passer du temps ensemble. Ils se retrouveraient exactement à la même heure tous les matins. Ce serait planifié et contrôlé. Mais lorsqu'ils s'installent enfin avec le magnétophone, la vieillesse l'a déjà rattrapé et leurs conversations deviennent imprévisibles, saccadées. Sa mémoire est défaillante et il navigue entre plusieurs réalités. Père et fille sont obligés de tenter quelque chose qu'ils n'ont jamais fait : improviser. De façon tout à fait inattendue, ces dernières conversations les mènent dans des territoires inconnus, à la fois lucides, oniriques, drôles et mélancoliques. Avec gravité, tendresse et humour, Le Registre de l'inquiétude dresse le portrait éclairé et sincère d'une enfant impatiente de grandir et de parents qui préfèrent rester des enfants. C'est également l'histoire d'un vieil homme qui s'efforce de maîtriser son propre épilogue, car la vieillesse, tout comme la mort, doit se planifier avec sérieux et ambition, à l'instar de n'importe quel travail. Un texte lumineux sur l'oubli, le temps, le besoin d'amour et le deuil - et sur les nombreuses histoires, souvent contradictoires, que constitue une vie.