Lorsque Che Guevara écrit ce " manuel " à l'usage de la gauche radicale latino-américaine, en 1959-1960, les barbudos ont triomphé à Cuba depuis deux ans d'une armée régulière appuyée par Washington.
Il y synthétise son expérience de l'insurrection et poursuit plusieurs objectifs : rompre avec le " fatalisme géographique " selon lequel la proximité des Etats-Unis rend impossible toute révolution, combattre le conservatisme et l'opportunisme des vieux partis communistes, redéfinir une stratégie continentale et préparer d'autres victoires révolutionnaires en faisant de la cordillère des Andes la Sierra Maestra de l'Amérique latine.
Selon el Che, les mouvements révolutionnaires d'Amérique latine doivent s'inspirer de trois principes confirmés par la révolution cubaine : les forces populaires peuvent gagner une guerre conter l'armée du pouvoir et la guérilla est la forme de lutte la plus adaptée pour y parvenir ; il ne faut pas toujours attendre que toutes les conditions soient réunies pour lancer l'insurrection ; dans l'Amérique sous-développée, la lutte armée doit être menée dans les campagnes, où vit la majorité d'une population opprimée et exploitée.
Ernesto Guevara n'est pas seulement un " guérillero héroïque ". C'est un dirigeant politique et un théoricien de la révolution à la recherche d'un projet de développement alternatif. On perçoit dans ces textes les préoccupations sociales et politiques qui ont été les siennes durant les six années qu'il a passées à Cuba après la crise du pouvoir et la fin de la guerre civile.