Le nom « Action directe » surgit lors d'une réunion dans un tout petit appartement donnant sur le cimetière de Montmartre. Il avait été proposé par un camarade italien proche d'Azione rivoluzionaria. Savait-il qu'« Azione diretta » appartenait à l'histoire de la puissante organisation du syndicalisme révolutionnaire italien au début du XXe siècle ? Lorsque ce nom apparut officiellement, nombreux furent les censeurs. Ignorants de l'histoire révolutionnaire, ils n'y voyaient bien souvent qu'une référence au militarisme ou à l'anarchisme de la propagande par le fait. C'est oublier que ce terme appartient au patrimoine de la classe ouvrière, qu'il fut le titre de la résolution finale d'un des premiers congrès de la CGT et qu'on le retrouve dans les luttes de libération nationale. « Action directe » est l'ancien terme pour « autonomie ».Du choix de la lutte armée à l'emprisonnement de 1980 et l'amnistie de 1981, de l'engagement avec les sans-papiers du quartier de la Goutte-d'or au retour à la clandestinité en 1982 puis à l'arrestation de 1987 en passant par les liens avec la Fraction armée rouge et les Brigades rouges, Jann-Marc Rouillan donne ici pour la première fois une histoire interne d'Action directe. Analyse critique par l'un de ses protagonistes, ce livre est une pièce indispensable d'un fragment de l'histoire politique française et européenne. Si cette histoire attend ses historiens, elle ne se fera pas sans ses témoins.