L'auteure de La condition pavillonnaire et de Quand le diable sortit de la salle de bain signe, avec Trois fois la fin du monde, un roman complètement différent des précédents et nous fait vivre une expérience littéraire d'une grande acuité.Après une cavale avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal se retrouve en prison, basculant dans un univers inhumain. Les gardes et les détenus rivalisent de cruauté retorse. Après une explosion nucléaire d'un type inconnu, il réussit à s'échapper et à se cacher dans une zone interdite. Esseulé, Joseph Kamal essaye de survivre en errant dans les maisons abandonnées. Il finit par s'installer dans une ferme désertée et se construit une nouvelle vie en phase avec la nature qui n'a jamais été aussi belle pour celui qui a pu fuir. Isolé de l'humanité, il lutte contre la déchéance et tente de garder une dignitéTrois fois la fin du monde, qui explore un monde en voie de déshumanisation, est servi par une écriture envoû- tante, d'une force poétique remarquable. Une tension permanente rend la lecture de ce roman crépusculaire impressionnant de justesse, aussi passionnante qu'op- pressante. À la lisière de la plume féroce de Thomas Bernhard, de l'expérience psychologique du Mur Invi- sible de Marlen Haushofer et des nature writing amé- ricains, ce nouveau roman de Sophie Divry la place définitivement dans la cour des très grands.